Mesguich ne dira rien.
Des histoires de gangsters et de pétarades, David Mesguich en connaît pleins, mais il a décidé de se taire. Alors dans son travail il n’y a rien à voir, on a tout raté. Arrivés trop tôt ou trop tard. Il y a des hangars, des coins pourris, des grilles et des arrières boutiques où on se raconte des histoires, mais ce potentiel narratif il faut qu’on se le construise tout seul… Les espaces sont désertés, pas un homme, pas une femme, pas une balle, pas une piste. Et David ne dit rien, comme un serment à l’ancienne, une règle d’or. J’suis pas une balance.
Heureusement, on peut se contenter de regarder et d’apprécier. Même si on cherche des indices, on se fait avoir par la qualité des dessins, plein de virtuosité. Mais pas prétentieux, David est un type discret. Discret, marcheur et curieux, c’est une bonne base pour faire un enquêteur. Comme David n’était pas destiné à une carrière militaire, il enquête à son propre compte. Crayon et carnet, comme un voyageur. Des histoires il en voit, à New York, à Paris, à Jerusalem, en marchant et en notant. Nous en livrant quelques fragments, quelques pièces éparses et ambiguës. À nous de nous démerder.
Il y a quelques années, il m’en a raconté une, incroyable, avec détails et preuves, avec précision, un truc à vous glacer le sang et à vous faire chialer d’empathie. Je raconterais bien, mais j’suis pas une balance.
Alain Declercq
David Mesguich, territoires non occupés
Jeune artiste que l’on vous recommande de suivre de près. David Mesguich a choisi l’aquarelle (entre autres) comme le medium le plus a même de représenter sa vision du monde. Après une séries d’aquarelles peintes en noir présentées en 2008, qui auraient pu être l’illustration parfaite de la théorie de la dérive de Guy Debord (se perdre dans la ville pour mieux se retrouver) David Mesguich revient, pour sa troisième exposition personnelle a la galerie RX, avec plusieurs œuvres issues d’un séjour en territoire israélien en aout dernier. Se déployant sur des grands formats, dans des compositions serrées, ses aquarelles témoignent du sentiment d’oppression et de surveillance permanente qu’il a ressenti au Moyen-Orient.
Nulle figure humaine. nulle empathie possible. Tout au plus des traces d’activité humaine, et surtout des signes et symboles : panneaux, grillages, cameras et barbelés renvoyant a la notion de contrôle Une présence humaine qui se définit précisément par son absence. Là, réside la force de cet artiste humaniste.
Laurent Benoist
L’humain est une marchandise
C’est sous ce titre provocateur « Human marchandise » que le jeune artiste Parisien David Mesguich propose à la Galerie Raymond Banas de la MCL Saint-Marcel de Metz. sa vingtaine d’aquarelles et d’acryliques. Le métro. le R.E.R.. un parking de supermarché, des escalators… Un travail en noir et blanc très graphique, quasi architectural avec ses perspectives cassées et entièrement dédié à l’espace urbain vu comme un espace contrôlé par des grillages, des caméras de surveillance et de la publicité. « je déambule et des qu’un obstacle se présente je réalise une prise de vue ››. explique-t-il. De ses photos naissent des toiles et avec elles une très grande liberté d’expression.
Ancien graffeur tendance vandale, David Mesguich aurait pu prendre une route facile et transposer directement sa pratique du graffiti sur une toile mais il n’est pas du genre à prendre les routes toutes tracées. Il a donc mis de côté la peinture et donne forme à ses idées : de grandes sculptures aux lignes acérés, créées à partir de papier et de plastique.
Si David Mesguich n’aime pas les routes, il n’aime pas non plus les murs. Son travail questionne la notion de liberté et cherche à dessiner les contours de tous ces murs qui nous entravent. Ses sculptures nous parlent de liberté de circulation, de ces peuples obligés de sauter par dessus des grillages pour fuir la misère ou la guerre.
Outre ses sculptures, David Mesguich dévoile sur son site une série d’aquarelles, qui s’appelle « Absences », et dont le mode opératoire est assez simple : il part marcher, sans but, et dès qu’un obstacle barre sa route, l’obligeant à rebrousser chemin, il prend une photo puis reproduit à l’aquarelle cette photo.
Toujours dans son exploration des contraintes, il s’intéresse au monde carcéral et il mène actuellement un projet artistique à la prison des Baumettes de Marseille.
Florian Bogashi